En réponse à l’article de P. LAÏLY : “De jeunes agriculteurs de l’avant-Pays savoyard ont investi dans des trayeuses automatiques“
Bonjour
Je viens de prendre connaissance de votre site par un adhérent de notre coopérative, producteur de lait bio, qui a été interpellé par un article à charge que vous publiez. Je suis moi même étonné que votre bulletin dit de la TRansition Ecologique ne se renseigne pas davantage sur ce qu’une structure coopérative comme la notre a déjà mis en œuvre pour accompagner les évolutions des systèmes agricoles et ce bien avant que beaucoup d’entre vous ayez mis en pratique des changements aussi probants! Notre coopérative s’applique en effet à produire des fromages de qualité sur notre territoire pour maintenir une agriculture dynamique et prospère dans un contexte de mondialisation où de grands groupes industriels et financiers ruinent les producteurs de matière première et engendre la destruction de l’environnement. Depuis 30 ans,notre coopérative oblige ses adhérents à respecter le cahier des charges de production de la Tomme de Savoie IGP qui est garant de pratiques agricoles déjà contraignantes : pas d’OGM, pas d’ensilage, pas de race Holstein…La coopérative a par ailleurs mise en place une filière de produits certifiés Agriculture Biologiques dès 1995 (une innovation remarquée dans le contexte balbutiant du développement de l’AB) pour ceux qui souhaitent mettre en avant des pratiquent totalement vertueuses. Notre coopérative compte 110 adhérents et emploie 51 personnes sur 2 cantons. Elle a le souci de rétribuer ses collaborateurs correctement avec un intéressement au bénéfice et de verser aux coopérateurs le meilleur prix du lait de tout notre environnement concurrentiel soit 80 €/ 1000 litres de plus que les acteurs privés. Nous soutenons ainsi des exploitations de plus petites tailles et des installations de jeunes. Certes, la technique et la mécanisation est aussi accessible aux agriculteurs savoyards qui doivent avoir aussi droit aux améliorations de leurs conditions de travail déjà suffisamment prenantes par l’obligation de traire leurs animaux 2 fois par jour et 365 jours par an! Quant aux pratiques dénoncées, il faut évaluer toutes les incidences car dans nos exploitations de polycultures – élevages nous cultivons des prairies et des céréales pour l’autoconsommation et minimiser l’achat et la circulation de compléments alimentaires venant souvent de loin. Pour autant les surfaces cultivées ne représentent au maximum 30 {ed3aa53715ab665bcd74a49e05b1be3d584d68b01d4a310e036379a3def948ee} des assolements, ce qui signifie que nos animaux consomment encore beaucoup de prairies naturelles. L’agriculture conventionnelle reste plus impactant que la filière Bio, ce qui explique aussi la différence de prix des produits. Enfin, l’argument du “c’était mieux avant ” ne tient pas vraiment à l’heure nous consommons tous des nouvelles technologies et autres moyens de transport pas si écolo ni bon pour la santé. Et je suis sûr que les fromages au lait cru de notre coopérative n’ont pas perdu en gamme ni en typicité d’autant que l’on allonge les durées d’affinage.
Notre entreprise ne peut pas seule faire évoluer les enseignements et les techniques agricoles : on y contribue largement dans notre région par rapport à ce que sont les méthodes agricoles dans les régions intensives de la grande moitié nord de la France.
Je souhaiterai que vous fassiez paraître mon avis en réponse à l’article de Mr Lailly et je reste à votre disposition pour échanger davantage si vous le souhaitez.y compris de vive voix à l’occasion d’un débat ou d’une visite de notre outil.
Cordialement
Loïc BERTRAND Producteur de lait bio et Président de la coopérative de Yenne